Abdominaux classiques, squats chargés, mouvements anodins pour beaucoup : pendant la grossesse, ils deviennent soudain des gestes à éviter. La pression sur la sangle abdominale, les torsions brusques ou les exercices qui sollicitent à l’excès le plancher pelvien peuvent retourner le scénario, même chez celles qui maîtrisaient leur routine sportive les yeux fermés.Quelques exceptions subsistent, il est vrai, pour les sportives de haut niveau bénéficiant d’un suivi médical strict. Mais d’un trimestre à l’autre, d’un organisme à l’autre, les règles changent. Les conseils, parfois contradictoires, soulignent un point : l’accompagnement professionnel reste capital pour ajuster l’activité à l’évolution du corps.
Comprendre les besoins spécifiques du corps pendant la grossesse
La grossesse impose ses propres lois : le corps se transforme, l’équilibre se modifie, chaque muscle doit apprendre à fonctionner autrement. La souplesse gagne les articulations, la posture évolue à mesure que le centre de gravité se déplace. Dans le même temps, le ventre s’alourdit, la ceinture abdominale et le périnée supportent une pression inédite. Résultat : le dos peut tirailler, la fatigue musculaire se fait parfois plus présente.
Rester active, même avec mesure, reste porteur d’effets positifs pour la femme enceinte et le bébé. Les recherches sont claires : activité physique encadrée = pas de risque accru d’hypotrophie, ni de fausse couche ou prématurité. Au contraire, énergie et bien-être progressent, l’organisme gère mieux la prise de poids.
Cependant, tous les exercices ne se valent pas. Les muscles abdominaux profonds, le transverse, par exemple, jouent les stabilisateurs pour le dos et le bassin. Mais dès qu’on sollicite excessivement les muscles superficiels ou que l’on ajoute de la pression sur le diaphragme et le plancher pelvien, la diastase menace et l’équilibre du périnée se trouve bouleversé.
En clair, mieux vaut adapter les mouvements à cette nouvelle mécanique du corps. Pratiquer une activité physique pendant la grossesse passe par l’écoute de ses propres sensations, un vrai travail de finesse, et surtout un ajustement à chaque étape du parcours.
Quels mouvements sont déconseillés aux femmes enceintes et pourquoi ?
Le bouleversement corporel ne pardonne guère les initiatives incontrôlées. Dès lors, certains exercices sont déconseillés, parfois même proscrits. Les exercices sollicitant les muscles abdominaux superficiels comme les crunchs ou les redressements assis fragilisent la sangle abdominale, avec pour conséquence un risque accru de diastase des grands droits, doublé d’une pression excessive sur l’utérus.
Autre source de tensions : les flexions du tronc, postures inversées et extensions lombaires. Des ligaments relâchés sous le coup des hormones ne maintiennent plus aussi efficacement l’ossature : à la moindre sollicitation trop forte, le dos et le bassin peuvent accuser le coup. Les douleurs lombaires suivent souvent de près.
Pour y voir plus clair, voici les principales familles d’activités à éviter temporairement.
- Sports de contact comme la boxe ou le judo, qui exposent à des coups ou des chutes
- Efforts à haute intensité : crossfit, sprints, sollicitations extrêmes de la fréquence cardiaque
- Sports à risque de chute : ski, équitation, planche à roulettes, surf
Dès le deuxième trimestre, la position allongée sur le dos devient aussi délicate : elle peut entraver la circulation par compression de la veine cave et provoquer des malaises. Pour la course à pied ou le vélo, mieux vaut être une habituée pour s’y risquer. Quant aux activités à impact, même en douceur, elles mettent le plancher pelvien à rude épreuve.
Risques potentiels : ce que l’on sait sur l’impact de certains exercices
Les recommandations médicales sont fondées : les sports à risque de chute ou de choc (équitation, judo, boxe) exposent à des traumatismes abdominaux qui peuvent entraîner contractions, saignements, ou plus grave encore, une fausse couche.
Du côté des abdominaux, les exercices de type crunch et sit-up favorisent l’écartement des muscles, c’est la fameuse diastase,, la stabilité du tronc diminue, et un prolapsus (descente d’organes) devient plus probable. Les activités à haute intensité élèvent la température corporelle et le rythme cardiaque : ces conditions extrêmes perturbent parfois la croissance fœtale ou accélèrent un déclenchement prématuré chez celles qui n’auraient pas déjà l’habitude de tels efforts.
Dans la vie courante, certains gestes doivent aussi s’adapter : porter libéralement une charge bras tendus, soulever son premier enfant du lit ou de la baignoire, tout cela fatigue le dos et accroît la tension sur le cou. Même se pencher en avant de manière répétée peut renforcer les désagréments digestifs, déjà fréquents pendant la grossesse.
L’activité physique réalisée avec précaution, au contraire, continue d’apporter du mieux-être à la mère comme à l’enfant. Les difficultés observées concernent surtout des activités trop contraignantes ou mal encadrées. Aucune étude sérieuse ne rattache une fausse couche à un effort mesuré et adapté, mais il reste avisé de mettre de côté les pratiques à risques tout au long de la grossesse.
Des alternatives douces et sécurisées pour rester active en toute confiance
Face aux restrictions, difficile de ne pas hésiter : doit-on interrompre toute activité physique ? La tentation existe, mais s’engager dans la sédentarité prive aussi bien la mère que l’enfant des bénéfices d’un corps qui bouge. La marche reste un pilier solide : pratique, modulable, elle favorise la circulation et aide à maîtriser la prise de poids. La natation vient en renfort : dans l’eau, la colonne vertébrale s’allège, les articulations sont protégées, la détente gagne le corps entier.
Le renforcement musculaire ciblé trouve aussi sa place, à condition de solliciter prioritairement les muscles profonds comme le transverse et le périnée. Inspirées des méthodes de Bernadette de Gasquet, certaines approches valorisent la conscience posturale et la mobilisation douce du diaphragme. Plusieurs exercices respiratoires aident à préparer l’accouchement et à conserver confiance tout au long du parcours.
Pour illustrer les options accessibles à toutes, voici un échantillon d’activités conseillées par de nombreux professionnels de santé durant la grossesse :
- Marche à rythme modéré, en extérieur ou sur tapis
- Natation douce ou aquagym adaptée
- Yoga prénatal encadré par un intervenant formé
- Exercices de mobilité articulaire ciblée
- Mouvements renforçant le plancher pelvien
Rien n’interdit de faire appel à un kinésithérapeute, une sage-femme ou un coach spécialiste de la mobilité prénatale. S’écouter, s’adapter, et dialoguer avec les professionnels du suivi permet de bâtir une pratique ajustée à chaque étape. Choisir la subtilité, refuser les postures standardisées, c’est ouvrir la porte à une grossesse active, respectueuse, et pleine de ressources. C’est aussi glisser un pas après l’autre vers un accouchement plus serein, et peut-être, donner à son bébé le premier élan d’une vie en mouvement.


