À partir du 1er janvier 2025, un changement décisif s’annonce : la coordination entre acteurs publics et privés n’est plus une option pour les projets locaux de prévention. Sans collaboration, les financements pourront être coupés court. Jusqu’à présent, chaque collectivité ajustait à sa manière les grandes orientations nationales, laissant libre cours aux interprétations locales. Désormais, l’Agence Régionale de Santé cède une partie de sa mainmise au profit de structures telles que la Fabrique Territoires Santé.Cette redistribution s’accompagne d’un nouveau système d’évaluation commun pour tout le pays. Les expérimentations ne pourront plus simplement revendiquer leur efficacité sans preuves : il leur faudra présenter des résultats comparables, étayés par des chiffres, et validés par une commission indépendante.
Pourquoi la promotion de la santé demeure un enjeu central en 2025
L’année 2025 signe un virage. La promotion de la santé s’impose face à l’aggravation des inégalités sociales et au bouleversement des facteurs qui pèsent sur la santé. Les différences de situation sanitaire d’un territoire à l’autre, d’un milieu social à l’autre, persistent et se creusent. Il devient évident que l’approche curative ne suffit plus : pour faire bouger les lignes, il faut agir en amont, sur l’accès aux droits, l’éducation, l’environnement, tout ce qui façonne la santé publique au quotidien.
La prévention gagne une nouvelle dimension. L’enjeu ne se limite plus à éviter la maladie, il s’agit d’atteindre une équité en santé et de rejoindre d’abord ceux qui se trouvent au bord du chemin, pour qui les soins et les informations sont toujours hors de portée. Les chiffres régionaux le confirment : les niveaux d’espérance de vie varient sensiblement, avec des écarts qui reflètent précarité et réalités sociodémographiques. De là, le concept de santé durable s’étend pour inclure la santé environnementale, la santé mentale, mais aussi une vision élargie intégrant des enjeux planétaires désormais incontournables.
Le mouvement « une seule santé » (« One Health ») prend de l’ampleur : santé humaine, santé animale et environnement ne s’envisagent plus séparément. Cette nouvelle donne impose une prévention transversale : diminuer les risques, améliorer le cadre de vie, agir contre les pollutions, adapter nos stratégies au climat devenu instable… autant de défis à relever collectivement. La promotion de la santé devient un projet partagé, impliquant citoyens et acteurs de tous horizons, loin d’une démarche centrée sur l’individu seul.
Quels principes fondamentaux encadrent la promotion de la santé aujourd’hui
Depuis la charte d’Ottawa de 1986, la promotion de la santé s’est structurée autour de principes qui demeurent le fil conducteur de l’action. Ces repères guident les professionnels et tissent la cohérence des interventions sur le terrain.
Au cœur du dispositif figure la participation des citoyens. Ici, il ne s’agit plus d’appliquer des solutions d’en haut : chaque personne concernée devient partenaire actif du changement, forte de son expérience de vie et de son savoir propre. Cette logique de santé communautaire privilégie les interventions sur-mesure, adaptées aux besoins et réalités locales. La transmission des connaissances s’impose comme un levier essentiel : la littératie en santé et l’éducation à la santé donnent à chacun les clés pour comprendre, s’exprimer, et être autonome dans ses choix.
Les piliers de l’action
Trois axes structurent l’agenda de la promotion de la santé :
- Développer des environnements favorables : mettre à disposition de tous des espaces verts, des infrastructures accessibles, et une alimentation saine, voilà les premières pierres d’une égalité de fait.
- Renforcer les politiques publiques saines : chaque politique locale, qu’il s’agisse de logement, d’emploi ou d’urbanisme, doit compter la santé parmi ses priorités.
- Réorienter les services de santé : l’accompagnement global et la prévention entrent pleinement dans chaque parcours, au-delà de la simple réparation des maux existants.
Les expertises de Doumont, Ferron, Delescluse et Aujoulat pointent onze fondamentaux autour desquels s’articule la promotion de la santé actuelle. Ces repères, du développement des compétences individuelles à l’action intersectorielle, visent à renforcer la capacité d’agir, tant individuelle que collective. Pour les professionnels, rester à jour par la formation continue n’est plus un luxe, mais une nécessité, tout comme la collaboration quotidienne entre structures pour s’attaquer à la complexité du réel.
Changements réglementaires à venir : ce que prévoit la législation au 1er janvier 2025
Un nouveau cadre s’annonce avec 2025 : la promotion de la santé prend place dans tous les pans de l’action publique. Le ministère de la santé affiche sa volonté d’intégrer la prévention à toutes les étapes, du national au local. Ce nouveau souffle s’appuie sur la future loi Santé, avec la volonté d’en finir avec les inégalités sociales qui résistent.
Plusieurs mesures redéfinissent les règles du jeu. Les contrats locaux de santé deviennent la norme : chaque territoire devra désormais construire de véritables partenariats entre collectivités, réseaux sociaux et professionnels, pour des actions coordonnées et suivies. Cette stratégie d’action intersectorielle rapproche la prévention de l’action sociale, tout en intégrant la santé environnementale. D’autre part, des dispositifs puissants de littératie en santé feront émerger des outils pédagogiques accessibles à tous, quelles que soient l’origine, la langue ou le niveau de connaissance.
Parallèlement, la FNES (Fédération nationale d’éducation et de promotion de la santé) et les réseaux régionaux voient leurs missions étoffées. Les agences régionales s’appuieront sur cette expertise renforcée pour façonner des stratégies cohérentes et globales, combinant prévention, accompagnement et soutien envers les publics fragiles. Enfin, toute politique de promotion de la santé sera constamment évaluée : mesurer, ajuster, s’inspirer des résultats et s’adapter en continu, voilà le nouveau tempo obligé.
Le rôle des agences et de la Fabrique Territoires Santé dans la mise en œuvre concrète
Piloter la mise en œuvre territoriale s’avère un exercice collectif, où chaque maillon compte. Les agences régionales de santé (ARS) restent centrales, déclinant la stratégie nationale en tenant compte des spécificités locales. Leur action s’entrelace au quotidien avec celle des Ireps, instances régionales d’éducation et de promotion de la santé, et un réseau associatif dense, notamment autour de la FNES ou de PromoSanté Île-de-France. L’enjeu : mutualiser les ressources, échanger expériences et outils, étoffer la force d’action sur le terrain.
La Fabrique Territoires Santé, de son côté, s’impose comme moteur d’innovation. Elle intervient en soutien, laboratoire mais aussi cheville ouvrière, épaulant collectivités et acteurs de terrain pour structurer des démarches ambitieuses. Sa méthode s’articule autour de trois grands axes :
- développer les capacités locales pour agir sur les déterminants de santé,
- apporter un accompagnement méthodologique rigoureux dans la conduite des projets,
- valoriser les pratiques et apprentissages tirés du terrain pour guider et inspirer les porteurs de démarche.
Des résultats s’observent déjà : diagnostics partagés, animation de démarches communautaires, initiatives pilotes en santé environnementale ou en littératie en santé créent de nouvelles dynamiques. La coordination intersectorielle sert de colonne vertébrale : chaque acteur, chaque réseau, chaque organisation impliquée, des ARS à la Fabrique Territoires Santé, construit une réponse en synergie. La proximité avec les habitants devient alors précieuse pour ajuster, prévenir les dérives et donner corps à des politiques de santé solidement ancrées dans la vie réelle des territoires.
2025 s’annonce comme une nouvelle scène. Ici, la santé publique ne se pense plus en solitaire : elle se bâtit à plusieurs voix, dans l’élan d’une société qui ne se résigne pas. L’enjeu est simple : faire tomber les cloisons, et, enfin, permettre à chaque territoire de devenir un véritable levier d’égalité.


